Absinthe DuVallon, Jean-Jacques Charrère

À : Natif et originaire de Fleurier, distillation dans le Val-de-Travers
Distillateur légendaire du Val-de-Travers, cet ancien journaliste-photographe compte parmi les producteurs artisanaux d’absinthe les plus prisés des spécialistes. Et pour cause, il a la bleue dans le sang. Sa grande tante, La Malotte, décédée en 1969, produisait dit-on la meilleure absinthe clandestine de la vallée. Distillatrice hors-la-loi aussi, sa mère, La Marta. C’est dans les vapeurs anisées de ses cuites, dans le garage de la maison familiale à Fleurier, que Jean-Jacques a grandi.
« On allait chercher les cornets de graines à la pharmacie et, allez hop, disait ma mère, vous mettez tout dans l’alambic. Le samedi et le dimanche, les gens venaient chercher leur absinthe. On faisait aussi bistrot ». Ouvrière dans l’horlogerie, elle commence à distiller à la naissance de son fils. La Marta s’occupe de l’alambic quand le père, Bubu, neveu de la Malotte, accueille les clients… et « boit le bénéfice, disait ma mère avec un sourire en coin »

En quarante ans de clandestinité, la Régie des alcools a frappé souvent. La dernière fois alors que Marta affiche 70 ans au compteur. À la menace de 20 jours d’emprisonnement pour la distillation de 1230 litres d’absinthe, elle réplique au juge : « J’ai fait du bon travail. Elle était bonne mon absinthe ! »
Et Jean-Jacques de sourire : « Quelques jours plus tard, ça sentait à nouveau l’absinthe dans sa maison. Faut bien payer l’amende, déclara ma mère… »
C’est la recette datant de 1951 de sa résistante de mère que Duvallon réinterprète en une multitude d’absinthes, tour à tour anisées, amères, douces, blanches ou vertes. Des recettes qu’il peaufine lui-même ajoutant sa signature, comme ces plantes du sud ou ces feuilles de coriandre fraîche.